« EXAFIP », une étude pour évaluer le traitement d’une complication liée à la fibrose pulmonaire idiopathique (RESPIFIL)

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« EXAFIP », une étude pour évaluer le traitement d’une complication liée à la fibrose pulmonaire idiopathique (RESPIFIL)

L’exacerbation aiguë (EA), qui représente une poussée inexpliquée de la maladie, est un événement très grave chez les patients atteints de fibrose pulmonaire idiopathique (FPI). Le traitement de l’EA repose sur les corticoïdes à forte dose. L’adjonction d’un immunosuppresseur (cyclophosphamide) est fréquente chez les pneumologues français et européens, mais son bénéfice réel est inconnu.

L’objectif de l’étude EXAFIP était d’évaluer l’efficacité et la tolérance du cyclophosphamide en plus de corticoïdes à forte dose pour traiter cette complication.

Cyclophosphamide added to glucocorticoids in acute exacerbation of idiopathic pulmonary fibrosis (EXAFIP): a randomised, double-blind, placebo-controlled, phase 3 trial. Naccache JM et al. Lancet Respir Med. 2022 Jan;10(1):26-34. doi: 10.1016/S2213-2600(21)00354-4.

Dans cet essai en double aveugle, contrôlé par placebo, réalisé dans 35 services de 31 hôpitaux en France, 120 patients présentant une EA de la FPI ont été tirés au sort pour recevoir soit quatre perfusions de cyclophosphamide soit un placebo à J0, J15, J30 et J60. Tous les patients ont reçu des corticoïdes à forte dose standardisée.

La mortalité toutes causes à 3 mois était de 45 % dans le groupe cyclophosphamide contre 31 % dans le groupe placebo. Les événements indésirables étaient similaires entre les groupes à 6 mois, y compris les infections (33 % dans le groupe cyclophosphamide contre 36 % dans le groupe placebo). Le risque de décès à 3 mois était plus faible lorsque les patients avaient un traitement anti-fibrotique à l’inclusion.

L’étude EXAFIP a démontré que le cyclophosphamide intraveineux n’a pas d’intérêt pour traiter les EA de la FPI, et pourrait même augmenter le risque de mortalité. Ces résultats sont très importants car ils ont modifié la pratique des pneumologues qui ont cessé d’utiliser le cyclophosphamide chez ces patients.

De futures études sont nécessaires pour essayer de mieux prendre en charge cette complication très grave.

L’étude EXAFIP 2 qui débutera dans le courant de l’année 2022 devrait permettre d’évaluer rigoureusement le bénéfice des corticoïdes à forte dose.

L’étude EXAFIP était financée par le Programme Hospitalier de Recherche Clinique du Ministère de la Santé (PHRC 2014-502)

 

Pr Hilario Nunes, coordonnateur médical du Centre de référence des maladies pulmonaires rares (de l’adulte) (ORPHA-LUNG) à l’hôpital Avicenne

Pr Bruno Crestani, coordonnateur médical du Centre de référence des maladies pulmonaires rares (de l’adulte) (ORPHA-LUNG) à l’hôpital Bichat – Claude-Bernard

Pr Abdellatif Tazi, coordonnateur médical du Centre de référence des histiocytoses à l’hôpital Saint-Louis