Hémoglobinurie paroxystique nocturne : deux études internationales ouvrent de nouvelles perspectives dans la prise en charge thérapeutique de cette maladie rare (MaRIH)

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Hémoglobinurie paroxystique nocturne : deux études internationales ouvrent de nouvelles perspectives dans la prise en charge thérapeutique de cette maladie rare (MaRIH)

Crédit : The New England Journal of Medicine

Le centre de référence des aplasies médullaires acquises et constitutionnelles coordonné par le Pr Peffault de Latour avec le soutien du centre d’investigations cliniques de l’Hôpital Saint-Louis – AP- HP dirigé par le Pr Kiladjian (AP-HP, Université de Paris) a contribué à l’évaluation de nouveaux inhibiteurs du complément (inhibiteurs proximaux) plus puissants, dans le traitement de l’hémoglobinurie paroxystique nocturne.

Les résultats de ces travaux coordonnés par le Pr Régis Peffault de Latour (AP-HP, Université de Paris) ont fait l’objet de deux publications dans le New England Journal of Medicine le 18 mars 2021 et le Lancet Haematology le 22 mars 2021 vont contribuer à améliorer la prise en charge des patients atteints de cette maladie rare.

L’hémoglobinurie paroxystique nocturne (HPN) est une maladie rare des cellules sanguines qui touche principalement l’adulte jeune. Elle est caractérisée par une destruction des globules rouges dans la circulation. Elle impacte la vie quotidienne car elle nécessite des transfusions régulières et peut également être responsable de thromboses graves qui peuvent entraîner le décès.

Les patients ont gagné en qualité de vie depuis 2005 grâce à l’utilisation de l’Eculizumab (Soliris ®), anticorps monoclonal inhibiteur du complément, qui a permis une forte réduction des transfusions et des complications thrombotiques. Malgré ce traitement, la qualité de vie des patients reste néanmoins altérée avec, pour nombre d’entre eux, la persistance d’une anémie qui nécessite toujours des transfusions.

Ces deux études internationales multicentriques ont porté sur l’évaluation de nouveaux inhibiteurs du complément plus puissants (inhibiteurs dits proximaux).

La 1ère étude publiée dans le New England Journal of Medicine le 18 mars 2021 a permis de démontrer une supériorité du Pegcetacopan (anti-C3, voie sous cutanée, Laboratoire Apellis) par rapport au traitement de référence par Eculizumab (Soliris®). Cette étude randomisée de phase 3 a montré une augmentation de près de 4 points d’hémoglobine dans le bras Pegcetacopan par rapport au groupe contrôle avec obtention d’une indépendance transfusionnelle chez près de 85% des patients (versus 15% pour le groupe contrôle) après 16 semaines de traitement. Cela en fait le nouveau traitement de référence des patients ayant une HPN de forme hémolytique avec une réponse sub-optimale à l’Eculizumab (Soliris ®).

Dans la seconde étude, publiée dans le Lancet Haematology le 22 mars 2021,10 patients, tous transfusés sous Eculizumab (Soliris®), ont reçu en association à ce traitement un autre inhibiteur proximal du complément (anti-facteur D, Laboratoire Novartis) qui a l’avantage d’être pris par voie orale. Les 10 patients sont tous devenus indépendants des transfusions et, sur la période de l’étude, 7 patients ont pu arrêter le traitement standard en gardant leur réponse hématologique sous anti-facteur D seul.

Les conclusions de ces travaux ouvrent des perspectives majeures dans la prise en charge thérapeutique des patients atteints d’HPN ainsi que pour d’autres maladies impliquant des dérégulations du complément.

Coordonné par le Pr Régis Peffault de Latour depuis 2015, membre de la filière de santé de maladies rares immuno-hématologiques MaRIH qu’il coordonne également, le centre de référence des aplasies médullaires acquises et constitutionnelles est organisé autour du centre coordonnateur à l’hôpital Saint-Louis – AP-HP, du centre constitutif à l’hôpital Robert-Debré – AP-HP  (patients pédiatriques), de huit centres de compétence adultes et pédiatriques (Lille, Bordeaux, Lyon, Marseille, La Réunion et La Martinique) et d’un réseau de correspondants privilégiés sur l’ensemble du territoire et des laboratoires spécialisés impliqués dans la prise en charge diagnostique des patients, mais également dans la recherche. Trois associations de patients (Association Française de la Maladie de Fanconi, l’association HPN France-Aplasie Médullaire et l’association francophone de la maladie de Blackfan Diamond) participent à la gouvernance du centre de référence. Trois principales missions pour le centre de référence : une optimisation de la prise en charge diagnostique et thérapeutique des patients, la formation des professionnels de santé et la recherchehttp://www.aplasiemedullaire.com.

Références : 

 > Pegcetacoplan versus Eculizumab in Paroxysmal Nocturnal Hemoglobinuria.

Peter Hillmen, M.B., Ch.B., Ph.D., Jeff Szer, M.B., B.S., Ilene Weitz, M.D., Alexander Röth, M.D., Britta Höchsmann, M.D., Jens Panse, M.D., Kensuke Usuki, M.D., Ph.D., Morag Griffin, B.M.Sc., M.B., Ch.B., JeanJacques Kiladjian, M.D., Ph.D., Carlos de Castro, M.D., Hisakazu Nishimori, M.D., Ph.D., Lisa Tan, R.N., Mohamed Hamdani, M.S., Pascal Deschatelets, Ph.D., Cedric Francois, M.D., Ph.D., Federico Grossi, M.D., Ph.D., Temitayo Ajayi, M.D., Antonio Risitano, M.D., Ph.D., and Régis Peffault de Latour, M.D., Ph.D.

DOI : https://doi.org/10.1056/NEJMoa2029073

 > Addition of iptacopan, an oral factor B inhibitor, to eculizumab in patients with paroxysmal nocturnal haemoglobinuria and active haemolysis: an open-label, single-arm, phase 2, proof-of-concept trial.

Antonio M Risitano, Alexander Röth, Juliette Soret, Camilla Frieri, Flore Sicre de Fontbrune, Luana Marano, Ferras Alashkar, Lina Benajiba, Serena Marotta, Izabela Rozenberg, Julie Milojevic, Peter End, Prasanna K Nidamarthy, Guido Junge, Régis Peffault de Latour.

DOI : https://doi.org/10.1016/S2352-3026(21)00028-4